J'Accuse sur l'affaire politique et judiciaire d'Aboubakar Soumahoro : héroïsme ou naïveté ?
Traduction en italien: https://www.hamidmiskscrittore.com/2022/11/jaccuse-sulla-vicenda-politica-e.html
De cireur de
chaussures à député de la république italienne, Corrado Formigli a souligné à
la fin, dans son émission, Piazza Pulita dans son long entretien avec le
protagoniste italien d'origine ivoirienne : un parcours semé d'embûches et de
luttes politiques et syndicales. Sa croisade contre l'embauche illégale et les
mafias qui exploitent les travailleurs africains en Italie l'ont fait connaître
dans tout le pays comme un symbole de la lutte contre les inégalités et les
injustices. N'oublions pas non plus son militantisme ces dernières semaines
pour faire débarquer les migrants des navires des ONG. Bref, on dirait vraiment
une icône de l'intégrité et de la défense des droits de l'homme. Aboubakar
apparaît donc, s'il n'y a pas eu cette enquête sur sa belle-mère et sa femme
(du moins pour l'instant), concernant les refuges gérés par elles et tout ce
qui tourne autour de la maltraitance et de l'injustice, un homme exemplaire.
Pourtant, il ne baisse pas les bras : tout au long de l'interview du
journaliste Formigli, il clame son innocence, mais regrette en même temps de ne
pas avoir prêté attention à ce qui se passait dans ses maisons (d'accueil).
Tout va bien jusqu'ici ! Mais une chose ne colle pas, à notre avis. Nous ne
sommes pas si convaincus par l'idée qu'il ait eu peu de temps pour regarder
autour de lui, tout en consacrant tout son temps aux autres ! La Repubblica, un
quotidien national romain, pas de droite, du moins jusqu'à présent, commente
aujourd'hui son histoire : « Êtes-vous un idéaliste naïf, un peu naïf ou un
vulgaire escroc ? Le charme réside justement dans le fait qu'une hypothèse n'exclut
pas l'autre… ». Précisément ! Trop d'ombres n'ont pas été dissipées par un
discours peu convaincant du député Aboubakar. Comment mener des luttes
politiques et syndicales en s'oubliant soi-même et son foyer, en donnant la
priorité aux autres ? Le fait est que lorsque votre maison apparaît aux autres,
nous apparaissons dans sa même brillance ou obscurité. Tout se reflétera en
nous et sur nous, cher Aboubakar. Or, que vous soyez ou non impliqué dans les procédures
judiciaires des refuges gérés par votre famille, votre discours ne convainc pas
et se retourne impitoyablement contre vous et contre ce parti politique qui,
avec générosité et idéalisme, s'est investi en vous dans ce difficile moment
qui voit notre pays dans le morse de l'extrême droite Mélonienne, qui se
réjouit désormais devant cette enquête. L'esprit rationnel n'admet pas qu'une
histoire de luttes d'un personnage plus fictif que réel soit « remise à
zéro », dans l'ingéniosité et le strabisme. Incroyable ce que mes oreilles
entendent ! Tout comme il est inacceptable qu'il existe dans le sud d'Italie
des réalités de dégradation et d'exploitation qui dépassent l'imagination et
les niveaux de décence. Dernier tournant de l'enquête judiciaire : Cinq
millions et demi d’euro en 18 ans sans appel d'offres pour les coopératives de Madame
Soumahoro. Cette histoire était censée donner un nouvel élan à l'image et aux
idéaux de la gauche italienne. Malheureusement, elle se retourne contre elle
comme un boomerang mortel. San pitié. Cependant, nous nous donnerons le temps
d'enquêter et de formuler un avis définitif sur cette affaire aussi glaçante
qu'aigre. Mais la principale leçon que l'on peut en tirer est que les classes politiques
tant délégitimées dans ce pays ont une lourde responsabilité dans la sélection
de ceux qui doivent refléter nos idées mais surtout nos espoirs. Dans le cas de
Soumahoro, le charme bien construit du personnage a rendu myope ceux qui
devaient ne pas y croire, d’emblée, et enquêter bien au fond sur ce qui se
passait derrières les murs de ces maisons refuges, avant de lui conférer une
candidature dans le parlement national. C’est bien dommage, mais cela servira
comme leçon pour le futur.
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